Le BIM et l’évolution des données dans le secteur du BTP : au-delà de la maquette, la base de données ordonnée
Quand le Building Information Modeling (BIM) a fait son apparition, le secteur du BTP s’est rapidement mobilisé pour intégrer ce nouveau modèle, promesse de collaboration et de création d’une base de données exhaustive des bâtiments. C’était une révolution qui a transformé notre approche, mais aujourd’hui, 10 ans après, une question se pose : la maquette numérique peut-elle réellement contenir toutes les données nécessaires ?
Au départ, le BIM semblait être la solution miracle pour rassembler l’ensemble des informations d’un bâtiment. Des milliers de paramètres ont été soigneusement intégrés aux objets pour s’assurer de ne manquer aucune donnée géométrique ou quantitative. Cependant, la réalité a rapidement montré que la maquette seule ne peut tout englober.
Une première complexité apparaît lorsqu’il s’agit d’ajouter des données techniques telles que les CCTP, les notes de calcul, acoustiques ou thermiques. Où intégrer le calcul Analyse du Cycle de Vie (ACV) du bâtiment, l’indice de luminosité d’une pièce, ou encore la donnée dynamique de consommation des équipements ? Ces informations cruciales ne peuvent pas toutes trouver leur place dans la maquette, nécessitant des connexions à des plateformes dédiées.
De là émerge la nécessité d’une approche plus holistique. Les gestionnaires de bâtiments aspirent à accéder à des données variées : loyers perçus, baux, taux d’occupation, valeur du bien, interventions de maintenance, travaux, etc. La maquette BIM ne suffit plus à elle-même, donnant ainsi naissance aux premiers Building Operating Systems (BOS).
Mais la question persiste : avons-nous réellement besoin d’une maquette pour centraliser toutes ces données ?
Le BIM a eu le mérite de pousser les acteurs du BTP à classer et ordonner les données pour une lisibilité optimale, donnant naissance à l’Industry Foundation Classes (IFC). Aujourd’hui, avec l’apport de l’intelligence artificielle (IA), la reconstruction de données ordonnées peut se faire sans forcément passer par une maquette, grâce à la reconnaissance de plan et à la lecture automatique de documents.
En conclusion, le BIM a joué un rôle crucial en obligeant le secteur du BTP à classifier et ordonner les données, avec l’IFC comme résultat concret. Alors que les Building Operating Systems prennent le relais, il apparaît que le BIM n’est pas nécessairement une étape obligatoire pour ceux qui cherchent à numériser leur patrimoine. L’enjeu principal est de centraliser leurs données de façon ordonnée.